Marquises

Arrivés
le 20 Mai à Hiva Oa, nous passons une dizaine de jours
à Atuona, qui, avec ses 300 habitants, en est la ville
la plus peuplée. C´est ici que J. Brel et P. Gauguin
ont terminé leur vie.
Le charme
des Marquises ne tarde pas à opérer : paysages splendides,
population extrêmement accueillante, végétation
luxuriante et généreuse,... Après
tant de jours à bord,
nous retrouvons avec grand plaisir la joie de randonner, et découvrons
des saveurs de fruits et des odeurs de fleurs inconnues: pamplemousse
des Marquises, fleur de Tiare ou d´Ylang Ylang, coprah,
...
Grâce
à Stephanie,
une francaise installée en Polynésie depuis 7 ans
qui navigue sur Inch´Allah, un beau petit bateau, nous rencontrons
de nombreux Marquisiens et profitons des bons plans de cette passionnée
des Marquises. Une chouette rencontre... Un seul regret : On n´a
pas de photo de vous Steph et Inch´Allah !
Nos
amis, Jean-Pierre et Josy arrivent le 29 mai, aprés 21
jours de traversée. Nous les accueillons avec un pamplemousse
et une baguette fraiche. Ah l´inimmitable baguette ! Oui
car, même si on a un peu tendance à l´oublier,
nous sommes en France et les magasins proposent aussi du saucisson,
du roquefort et du cassoulet !
Nous
quittons Hiva Oa pour nous rendre à Fatu Hiva, découvrir
la fameuse baie des Vierges, un mouillage considéré
comme l´un des plus beaux du monde.
L´arrivée de nuit dans cette baie étroite
nous vaut quelques sueurs froides mais l´émerveillement
au petit matin lorsque nous passons la tête dehors nous
fait vite oublier.
Le contact
avec les locaux est un peu difficile au début car le village
est petit, isolé et trop habitué à négocier
avec des bateaux qui, après une longue traversée,
échangent, sans se soucier des conséquences, l´alcool
acheté en quantité au Panama contre un sac de fruits
que les habitants n´ont qu´à ramasser dans
leur jardin. L´alcoolisme pose de gros problèmes
dans le village et nous nous désolons un peu de voir des
jeunes plutôt désoeuvrés, parfois agressifs,
ou bien complètement saouls. Les subventions versées
par la France n´arrangent en rien le manque d´initiative
et de dynamisme ambiant. Heureusement, nous rencontrons quelques
familles adorables, avec lesquelles nous échangeons des
recettes : mousse au chocolat contre poisson au lait de coco,
accompagnées de travaux pratiques et dégustation,
évidemment ! Nous découvrons la richesse de l´art
marquisien au travers du Tapa -mimutieux travail de l´écorce-,
scultpture sur bois, os ou pierre, ... Thomas joue au volley avec
les jeunes du village quand nous ne sommes pas en randonnée
dans les environs.
Notre
voyage se poursuit sur l´île de Tahuata, où
nous retrouvons Jean-Pierre
et Josy sur Bernick, et Jean et Sylvana, sur Najelys. Nous faisons
la connaissance de Richard, un marquisien fromidable. Dynamique
et énergique, il s´occupe de jeunes délinquants
sur un terrain qu´il leur fait débroussailler et
entretenir dans un esprit de communauté. Il nous invite
et nous passons avec lui et sa troupe une soirée qui sera
l´un de nos meilleurs souvenirs des Marquises : il nous
ont préparé des plats exquis, nous leur avons fait
des crêpes, de la pizza, de la mousse au chocolat. Nous
discutons longuement et finissons la soirée en dansant,
sur des airs de Ukulele au milieu des cocotiers et des bananiers...
Super chouette !
Après
Tahuata, nous allons explorer le Nord de Hiva Oa. La première
halte, dans la baie de Hanamenu, nous fait rencontrer Axel, gros
nounours, chasseur de cochon sauvage et scultpeur dans ses moments
perdus. Il vit là six mois par an, parfois rejoint par
d´autres chasseurs mais souvent seul. Ses sculptures nous
tapent dans l´oeil, elles ont vraiment quelque chose. Nous
sympathisons avec lui et passons un très bon moment en
sa compagnie. Le lendemain, il nous offre les deux sculptures
qu´il était en train de finir ! Nous lui laissons
du chocolat, du lait, une pizza, ... et un poster de l´A380
qu´il s´empresse d´afficher dans sa cabane.
Puis
nous partons dans la baie suivante : Hanaiapa, flanquée
d´un village très fleuri : frangipaniers, tiare,
hibiscus, lauriers, bougainvilles, arômes,... Seul bateau,
on nous accueille comme des princes et nous invite aussitôt
à la fête de l´école qui a lieu le lendemain.
C´est l´anniversaire d´Hélène,
ça tombe bien. Nous passons trois jours à thème
: randonnée, gastronomie. Les petits sentiers nous mènent
dans de superbes baies sauvages, nous retrouvons nos forces autour
des plats que nous font découvrir les locaux : le civet
de cochon sauvage, le poule et la chèvre au lait de coco,
les mama -un coquillage des Marquises-, le poe -un genre de purée
de banane, manioc ou taro-, les crabes au curry, le poisson cru,
... A la capitale nous récupérons des colis en poste
restante, les parents nous ont super gaté !
Hiva
Oa, Fatu Hiva, Tahuata, c´est ensuite à Ua Huka que
nous allons mouiller. La baie de Hane nous vaut trois mauvaises
nuits et de périlleux débarquements, dont un soleil
où tout finit à l´eau, mais de belles rencontres
- les gens se réjouissent qu´un bateau s´arrête
et reste dans cette baie pourtant très inconfortable- et
quelques balades sympas. Fatigués, nous finissons par préférer
un mouillage situé plus à l´Ouest, un peu
moins rouleur. Là nous devenons pros du débarquement
sportif et profitons de l´environnement très sauvage
pour faire de belles excursions. L´île est connue
pour le nombre de chevaux sauvages qu´elle abrite et nous
croisons bien des troupeaux. Plus sèche que les autres
îles, elle offre des paysages différents, plus chaotiques...
Sa population nous reçoit avec chaleur et curiosité.
C´est
avec plaisir que nous découvrons le mouillage de Taioahe,
sur Nuku Hiva, où nous pouvons enfin dormir une nuit sur
nos deux oreilles, sur une eau sans la moindre ride... Nous ne
faisons que passer, récupérer une carte bleue en
poste restante -celle d´Hélène avait été
égarée au Panama et celle de Thomas a expiré
pendant la traversée- et faire un peu d´internet,
les autres îles en étant dépourvues.
Nous
reprenons la mer 24H après l´avoir quittée
mais bien reposés cette fois, en direction de
Ua Pou dont nous apercevions les sommets caractéristiques
depuis Ua Huka. A la capitale, Hakahau, nous retrouvons Bernick
et Najelys pour fêter l´anniversaire de Thomas, et
sommes, une fois de plus, bien gatés. Le contact avec les
locaux est super, nous sympathisons avec Lydiane et Youri, un
jeune couple qui nous prend sous son aile et nous fait découvrir
des tas de choses et Ismail, un sculpteur au grand coeur.
Ua Pou est idéale pour la randonnée car, enfin,
nous trouvons des sentiers, hors des pistes 4x4 avec des passages
en crête. L´ouverture des fêtes de juillet nous
permet de voir quelques danses marquisiennes et de rencontrer
des gens sympas. Nous goûtons enfin le fameux fruit de l´arbre
à pain, grâce à la persévérence
et aux talents culinaires de Josy. Presque chaque jour, nous partons
randonner 4 ou 5 heures, seuls, avec Bernick ou Hildi que nous
avons retrouvés... un vrai plaisir !
La dernière
île habitée qu´il nous reste à visiter
est Nuku Hiva où nous arrivons le 10 juillet. La baie de
Hakatea nous offre un mouillage idylique, entre des falaises vertigineuses.
Une belle promenade mène au pied d´une cascade de
350m de dénivelé. Voilà où nous en
sommes... Demain, nous irons à Taioahe, la capitale, pour
les fêtes du 14 juillet. Ensuite, nous visiterons l´intérieur
et le Nord de Nuku Hiva, avant de quitter les Marquises (snif
!) en direction des Tuamotus, puis de Tahiti..
Autant dire
que notre escale aux Marquises a été riche à
des tas de points de vue, un vrai régal pour tous les amateurs
de nature, randonnée et rencontres authentiques... un peu
loin de tout, certes, mais c´est probablement ce qui préserve
cet archipel étonnant.
Petite
recette locale:
Le
poisson cru au lait de coco :
1
kg de thon rouge, 1 noix de coco ou une boîte de lait de
coco, 3 gousses d´ail, 3 citrons verts, 2 carottes, 2 tomates,
1 poivron vert, de l´oignon vert, sel, poivre, tabasco,
vinaigre rouge.
Laver le
poisson à l´eau de mer (à défaut à
l´eau salée), en récupérer les filets
et les couper en petits cubes. Mettre dans un récipient
d´eau de mer avec les gousses d´ail écrasées
et laisser 30 minutes au réfrigérateur. Pendant
ce temps, émincer les tomates et le poivron, râper
les carottes, hacher l´oignon, casser, râper et extraire
le lait de la coco (pour cela, aprés avoir râpé
la coco, exprimer le jus au travers d´un linge fin et propre
: le liquide recueilli est le lait de coco), ou ouvrir la boîte
de lait de coco. Sortir le poisson du frigo et l´égoutter.
Jeter l´eau. Arroser le poisson du jus des citrons verts,
le laisser "cuire" avec l´acidité naturelle
du citron (4 à 5 minutes) et retirer le poisson. Ajouter
une pointe de vinaigre rouge, du sel, du poivre et quelques gouttes
de tabsaco au lait de coco, puis verser sur le poisson. Mélanger,
incorporer les légumes et parsemer d´oignons. On
peut décorer d´oeuf dur émietté ou
de persil. Un vrai délice polynésien !